
Le lancement de la résidence avec Gaëlle Pingault s’est tenu mardi 7 mars 2023, dans les locaux de la Bibliothèque d’Hérouville-Saint-Clair, en présence de l’association Li(b)re et de l’ensemble des partenaires du projet. La matinée s’est déroulée en deux temps : d’abord une rencontre chaleureuse avec l’autrice Gaëlle Pingault, puis la présentation du projet de la résidence d’écriture, par la représentante de l’association Li(b)re.
Les adultes « lecteurs débutants » qui vont être associés à la création du texte ont pu rencontrer Gaëlle Pingault et lui poser déjà quelques questions. Un processus de création littéraire innovant. Au centre de ce projet, l’écriture de textes simples, mais pas simplistes, avec la collaboration d’adultes lecteurs débutants.
« Le plus beau des compliments qu’on m’ait fait en tant qu’autrice est venu d’un détenu, qui m’a dit avoir trouvé mon roman beau et facile à lire. »
Une autrice concernée qui évoque ses lectures d’enfances
Gaëlle évoque les lectures qui l’ont marquées, qui sont autant des romans que des livres pour les enfants, en passant par la bande dessinée, qui vont de Paroles de Jacques Prévert aux Belles histoires, revue à laquelle elle était abonnée pendant son enfance et qu’elle attendait chaque fois avec impatience.
La première rencontre avec les groupes

Lors de la première semaine de résidence, du 7 au 9 avril, Gaëlle Pingault a eu l’occasion de rencontrer l’ensemble des groupes d’adultes « lecteurs débutants » (ENEFA, EPE et PIAF) qui participent au projet, et vont collaborer au travail d’écriture de ce premier texte en « facile à lire ».
Des temps d’ateliers pour commencer à faire connaissance, pour commencer à jouer avec les mots.
« Il s’agissait de faire connaissance, et de se lancer… Les trois « conversations » avec ces trois groupes ont été très différentes, mais riches et intenses. Avec le premier groupe, les sujets ont très vite été intimes, baignés de leur histoire personnelle. Avec le second, on a beaucoup parlé « technique » d’écriture, organisation d’une narration » Gaëlle Pingault
A l’écoute des désirs de lecture de chacun et chacune
Gaëlle a profité de ces premiers temps de rencontre pour échanger avec les personnes associées sur leurs désirs de lecture, sur la nature du texte qu’ils ou elles aimeraient pouvoir lire.
Et maintenant… au boulot !
Gaëlle a terminé cette première séquence de résidence un peu « vannée » mais heureuse, forte de toutes ces rencontres, et prête à se mettre au travail, pour proposer bientôt une première trame de son texte.
Rendez-vous est pris très vite, début avril, pour la suite de la résidence !
La question du titre provisoire
Après la première semaine de résidence, forte de toutes les rencontres et toutes les envies des trois groupes, Gaëlle s’est lancée dans l’écriture du récit.

« La question du titre définitif d’un livre est toujours une question délicate. En revanche, la question du titre provisoire d’un manuscrit en cours étant beaucoup moins cruciale, elle est beaucoup plus fun. Chez moi, ça change souvent plusieurs fois au fil de l’écriture. Et parfois pas du tout. Pour ce beau projet d’écriture collaborative d’un livre « facile à lire » que je mène actuellement avec des adultes débutants en lecture, je n’avais pas encore de titre provisoire. Et puis il y a quelques jours, je me suis demandé si dans une ville comme Paris, il existait une « rue de la pluie ». Après vérification, la réponse est non. En revanche, il existe une « rue du soleil ». Eurêka ! Mais c’est encore mieux ! »
Titre provisoire numéro 1 dans la place ! Et ne me demandez pas pourquoi 57, j’en sais rien, et ça peut encore changer de toute façon ! Gaëlle Pingault
Et puis, dans le même temps, le début du récit commence à surgir :
« L’immeuble où Michèle, gardienne ancienne SDF, distribue son humanité gouailleuse à tout les habitants (sauf aux cons), se situera donc dans l’immédiat au 57, rue du soleil. »
Elle lit… ou les retrouvailles
Retourner à Caen, revoir les groupes d’adultes concernés avec qui on bosse, et leur confier, le cœur battant, le début du texte, écrit ce mois dernier après notre première rencontre. Les écouter le lire. Guetter leurs remarques.
Des retrouvailles belles et sensibles, et l’envie à ce stade, déjà, de partager un moment de lecture.

« Elle lit.
C’est difficile, elle butte sur les mots, mais elle ne lâche pas l’affaire. Autour d’elle, les autres membres du groupe l’écoutent, prêts à l’aider, mais ils lui laissent le temps, aussi. Je suis touchée du respect et du soutien qui circulent ici.
Elle lit.
C’est difficile, mais elle ne renonce pas. C’est mon texte qu’elle met en voix et j’en suis bouleversée.
Elle lit.
Et puis enfin, elle parvient à la fin de la phrase. Et elle éclate de rire, nous signifiant par là-même que ses efforts n’ont pas été vains. Elle a lu jusqu’au point, et a parfaitement compris cette phrase humoristique.
Nous, nous rions avec elle, car elle nous a aussi donné à entendre ce petit bout de second degré.
Elle a lu. Nous l’avons soutenue et écoutée. Tous ensemble, nous avons compris et apprécié cette portion de texte. Ensemble, nous avons ri.
À ce moment-là, autour de cette table, nous sommes les rois du monde. «
Gaëlle Pingault
… Pendant ce temps-là, le texte avance et prend forme, et Gaëlle nous parle du point de bascule
« Quand on écrit un texte, il vient un moment où on peut avoir besoin d’un point de bascule dans la narration.
Et comme « 57, rue du soleil » se passe dans un immeuble, et bien ce point de bascule sera l’Assemblée Générale annuelle des copropriétaires.
Dis donc, tu t’es pas foulée, sur ce coup-là, v’là la tarte à la crème…
Ne riez pas. J’ai tourné autour du truc un bon moment avant d’arriver à cette évidence que c’était de l’AG que j’avais besoin pour faire basculer le récit.
Comme quoi, les évidences, en écriture, hein… Pas si sûr que ça que ça existe !
(Et puis d’abord, Michèle, la concierge du 57 rue du soleil, elle fait des crêpes. Pas des tartes à la crème.) » nous confie Gaëlle.
Au salon du livre Époque, ça résonne…
L’association Li(b)re était comme prévu samedi 13 mai 2023 sur le salon du livre Epoque de Caen, pour 2 temps forts autour de notre autrice Gaëlle Pingault, et ce fût une fort belle journée, riche en émotions.

« ça ne me parle pas du tout la littérature élitiste, la littérature accessible à tous, c’est beaucoup plus sympa » affirme Gaëlle.
Ecrire un ouvrage Facile à lire : facile à faire ?
Pourquoi notre asso s’appelle Li(b)re ? Parce que Lire ça rend libre !!
« Avec ce projet, on ne sait pas encore tout à fait jusqu’où on ira, mais on est convaincues par contre que le projet est et sera beau » dit Hélène Fouéré.
Quelques extraits de la table-ronde qui se tient dans la matinée :
« L’idée c’est aussi de revenir aux livres… par le plaisir » ajoute Laure Gombault.
« Dans le processus d’écriture collaborative, quelque chose se joue ici entre l’auteur et les personnes associées : l’auteur s’efface et on est au même endroit entre l’autrice et les adultes associés.
Et puis en sortant des temps de rencontre avec Gaëlle, les adultes des groupes ont des étoiles dans les yeux. » nous explique Laurence Fradin, coordinatrice ENEFA.
L’après-midi, une lecture musicale est organisée.
Lecture à voix haute de nouvelles extraites d’Avant de quitter la rame et d’extraits de l’ouvrage Facile à lire en cours , notamment par les membres de l’association caennaise « Voix de femmes », accompagné.es à la harpe par Salomon de l’association Nevel.
Entendre les textes de Gaëlle lus à voix haute, accompagnés à la harpe, c’est magique, ça résonne, les textes font écho dans tous les sens. Et c’est beau.
Et à ce moment-là, on se demande, ça fait quoi à une autrice d’entendre ses textes dans la bouche de lecteurs ? attentifs, concentrés, concernés… L’émotion est palpable aux abords de la scène.
Au cours de cette journée, on s’est dit encore une fois que notre projet est beau, que d’entendre déjà un bout du roman mis en voix nous donne très envie de la suite et que grâce à cette résidence et au texte qui est en train d’éclore, on a un trésor entre nos mains, dont on va prendre grand soin, et qu’on partagera bientôt !
La dernière semaine de résidence
C’était la dernière semaine de résidence à Caen, autour de notre projet d’écriture d’un livre « facile à lire » pour adultes débutants en lecture.

Je suis retournée voir les groupes de personnes concernées avec la fin du texte sous le bras, et j’ai constaté qu’elle était attendue de pied ferme.
Nous avons lu, corrigé quelques petites choses, nous avons ri. Il y a eu du plaisir, de l’étonnement, de l’émotion partagée, de l’envie exprimée de tenir entre ses mains l’objet livre quand il existera (ceci est un appel officiel à notre futur éditeur qui s’ignore encore : l’aventure sera belle, croyez-y !).
L’été va être l’occasion de laisser reposer le texte avant les dernières relectures à la rentrée.
« Quel bonheur, vraiment, d’avoir participé à ce projet qui pouvait sembler un peu dingue, mais qui ne l’était pas : il était juste beau ! » exprime Gaëlle Pingault
Les témoignages du groupe ENEFA

Au fur et à mesure de nos rencontres avec Gaëlle, nous avons pu lire chacun notre tour des passages du livre et comprendre certains mots difficiles et leurs sens.
Ci-contre, Lamia, Nadia, Bouchra, Cédric, Jacky, Ouafae avec les formatrices Clémence et Marie-Laure.
Lamia
« J’ai commencé le projet facile à lire avec les 3 groupes ENEFA le 7 mars 2023 à la médiathèque d’Hérouville-Saint-Clair où l’on a rencontré Gaëlle Pingault l’écrivaine. On a commencé avec elle à lire l’histoire, 57 rue du Soleil, plusieurs fois : le 12 mai à la médiathèque Alexis de Tocqueville, le 15 mai, le 19 juin à la médiathèque d’Hérouville saint Clair, c’était la dernière fois avec tout le groupe ENEFA. J’ai passé un super moment avec l’écrivaine.J’ai bien aimé lire l’histoire avec elle. »
Cathy
« Je me souviens de quelques personnages comme Michèle, Monsieur Albert, Amira et Mario. Lors de cette visite, elle nous a raconté la suite de son livre. Cependant, je n’ai pas compris la totalité de l’histoire, je la trouve compliquée. Si je ne me trompe pas, je pense que son livre raconte la vie de chaque locataire de l’immeuble. Michèle est la gardienne de l’immeuble, Amira une passionnée de danse, Monsieur Albert qui n’est pas très sympa et Mario. »
Bouchra
« Pour moi, j’ai rencontré Gaëlle une seule fois et c’était le 19 Juin, à la bibliothèque d’Hérouville-Saint Clair. J’avais hâte d’écouter l’histoire de la bouche de l’écrivaine. Tout le groupe a lu, on a fait chacun son tour et Gaëlle a lu le reste de l’histoire. »
Kadiatou
« Ça m’a permis de faire ma carte de bibliothèque et d’emprunter des livres. »
Nadia
« J’ai découvert ce livre par le biais de ma formation à Enefa. Je l’ai trouvé rafraîchissant, sortant des sentiers battus, différents des livres que je lis d’habitude (thriller, spiritualité etc…). Ça restera sûrement une jolie découverte. »
Jacky
« Je ne lisais jamais, j’y ai pris plaisir et me suis pris au jeu d’imaginer une suite. »
Cédric
« ça m’a montré les coulisses de la création d’un livre. On a pu voir les différentes étapes d’un livre écrit par Gaëlle Pingault. »
Et si on imaginait une suite à l’histoire ?
Jacky et Nadia ont même imaginé une autre fin pour le roman de Gaëlle.

Le dernier jour : se retrouver une dernière fois et rêver ensemble de notre livre
Le dernier moment de la résidence s’est tenu jeudi 21 septembre 2023 dans les locaux de la Bibliothèque d’Hérouville-Saint-Clair.
L’après-midi a démarré par une lecture de Gaëlle, évidemment.
Gaëlle nous a (re) présenté les quatre personnages principaux de l’histoire : Michèle, Amira, Mario et puis Albert.
Des rires ont fusé depuis la salle quand Gaëlle a évoqué le caractère d’Albert…
Puis la rencontre a démarré, animée par Hamed Berkane, en présence des partenaires de l’ENEFA, PIAF et EPE, de tous les groupes qui ont travaillé avec Gaëlle, de l’équipe des Bibliothèques de Caen-la-Mer, et puis nous l’association Li(b)re, représentée ce jour-là par Soizig et Christine.
Hamed a relu le texte « Elle lit » et ça a été magnifique de l’entendre à nouveau.
Depuis la salle, des adultes associés ont redit que ça avait été difficile de lire au début, oui, mais que bon ça valait la peine de s’accrocher.
Plusieurs adultes associés ont pris la parole depuis la salle, pour nous dire à quel point le projet leur a plu, la rencontre avec Gaëlle a été belle, comment ils ont aimé l’histoire en création, comment ils se sont attaché aux personnages : Michèle, Mario… et même Albert !!
Vers la fin nous avons évoqué l’édition du livre à venir.
Gaëlle a conclu la rencontre par un simple et très chaleureux et touchant merci !